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En apesanteur, pourvu que les secondes soient des heures

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Oswald Cavendish
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Oswald Cavendish
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En apesanteur
Pourvu que les secondes soient des heures

feat Oswald Cavendish & Lorens Wonderbar

Début de soirée, j'étais dans ma douche entrain de détendre mes muscles après avoir été m'entrainer à la salle. Tous les jours, ou presque, je tentais d'entretenir mon corps afin qu'il tienne le coup lors des courses que je faisais. Au début, cela n'avait pas été facile pour moi. Je n'avais jamais été un sportif de haut niveau et ce durant toute mon adolescence mais... lorsque j'avais gagné ce fameux concours qui avait changé ma vie, j'avais décidé de tout donner et ça avait forgé mon corps petit à petit.

Aujourd'hui, je crois que je pouvais être fier de moi, pour ça, au moins, j'y étais pour quelque chose. Oh pas que je crachais dans la soupe, tout ce que j'avais, je n'aurai voulu le perdre pour rien au monde. L'argent ne rendait pas heureux d'après le dicton, mais une chose était certaine, il y contribuait grandement. Sans argent, malheureusement, on allait nulle part dans la vie. Sans argent, on était souvent juste rien.

Propre, sentant bon, et totalement nu, je regardais mon reflet dans la glace et soufflait. Ce soir j'avais promis à quelques amis de les rejoindre à Plaque. D'après eux ça allait être génial ce soir. Comme les autres soirs, j'imaginais. Je n'avais pas de grandes courses prévues dans un laps de temps court alors j'avais bien le droit de profiter un peu et je n'avais pas mis longtemps à accepter de les rejoindre. D'après la rumeur, la plupart des ' célébrités ' de l'île avait été invitées, et il y aurait un dj connu... La belle affaire... C'était Ibiza. N'était-ce pas toujours le cas ?

Je me parfumais un peu, brossais mes dents et me dirigeait vers ma penderie pour choisir ma tenue. J'allais tenter le total look blanc pour cette sortie ; pantalon blanc, chemise blanche pas boutonnée jusqu'en haut, mi-sérieux, mi-détendu, ça me semblait bien. Je me faisais figure d'un chevalier, bien que je savais pouvoir prétendre l'être.

Je pris place derrière le volant de ma voiture et je pris la route vers le lieu de la fête. Un voiturier se présenta à moi me tendant la main pour prendre mes clés et je les lui remis en sortant de mon véhicule. Libre à lui de la garer où il le souhaitait tant que je la récupérais en partant dans le même état que je l'avais laissée.

Spoiler:

Et enfin j'entrais dans l'établissement. De manière presque prévisible, il n'avait pas été privatisé. La rumeur d'une clientèle sélect ce soir ne devait être que cela, une rumeur... A moins qu'on ne m'est reconnu à l'entrée et qu'on m'ait ainsi laissé passer sans vérification ? Enfin, cela n'avait pas vraiment d'importance. Promenant mon regard sur les lieux, je cherchais une tête connue. Ayant repéré mes amis à une table, je les rejoignis rapidement.

Je mourais de faim mais il n'était absolument pas prévu que nous mangions ici ce soir mais n'ayant pas pris le temps d'avaler quelque chose avant de venir, je sentais mon ventre se contracter un peu. Avisant un serveur, je commandais plusieurs assiettes de nachos hors de prix et une tournée de cocktails pour toute notre tablée.

La soirée avançant, nous délaissions notre table tour à tour pour profiter de la piste. Aucun de nous n'avait prévu de végéter assis, nous étions là pour en profiter au maximum.

Vint évidemment le temps où les verres bus firent leur office et qu'un besoin pressant vint m'habiter. Je me dirigeais vers les toilettes et entrepris bien évidemment de m'exécuter, c'est au moment où je lavais mes mains que je le vis entrer et je sentis le temps comme se figer alors que résonnait les paroles d'une chanson bien connue dans les hauts parleurs.

En apesanteur
Pourvu que les secondes soient des heures
En apesanteur
Pourvu qu'on soit les seuls dans cet ascenseur

Elle arrange ses cheveux
J'ai le cœur juste au bord des yeux
Et sans la regarder je sens la chaleur
D'un autre langage

Alors
Les yeux rivés
Sur les étages
Pourvu que rien n'arrête le voyage

Lorens... cela faisait quelques années que je ne l'avais pas vu. Huit ans, huit longues années depuis ce fameux jour où ma sœur s'était mariée. Depuis j'avais évité tout rassemblement où j'aurai pu le croiser, ses sms ? Ils étaient restés lettres morts, tout comme ses appels. Aujourd'hui... Je ne savais comment réagir et je restais figé alors qu'il entrait sans sembler trop m'avoir regardé. Que se passerait-il lorsqu'il me reconnaîtrait ? Je tentais de me concentrer sur le séchage de mes mains, le regardant du coin de l'œil, détaillant son visage, sa mâchoire, ses lèvres...

En apesanteur
Pourvu que les secondes soient des heures
En apesanteur

Pourvu qu'on soit les seuls dans cet ascenseur
Dans cet ascenseur
J'arrive à me glisser
Juste avant que les portes ne se referment
KoalaVolant




« Quand on ne sait pas où on va, la vitesse du déplacement ne compte plus »
Lorens Wonderbar
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Lorens Wonderbar
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en apesanteur, pourvu que les secondes soient des heures

tw : mentions d'alcool, tabagisme

La Plaque c'était toujours un peu compliqué. Parce que trop de lumières, trop de sons, difficile de parler. Mais bon il fallait bien se montrer un peu social surtout quand ça fait quatre fois que les copains lui demandent de sortir avec eux. Lorens était à court d'excuses. Il avait penser à se défiler pourtant en s'observant dans la glace. Il n'était pas en forme ça se voyait à ses yeux et aux cernes qui les accompagnaient. Génial belle tête pour aller prendre l'air en boite. Il espérait que dans la pénombre ça se verrait moins. Bref. Il soupira en se fixant. Comment ils disaient les autres ? Après un dur labeur il avait mérité de se détendre ? Tu parles il n'avait pas vraiment fait un dur labeur cette semaine. Mais ce n'était qu'une façon de voir les choses. Comme d'habitude en montant dans le taxi il se dit qu'il devrait vraiment s'y mettre à ce permis. Ca lui éviterait de devoir dépendre des autres ou d'un chauffeur.

Mais ça l'aidait à se détendre. A se mettre dans l'ambiance, à forcer un sourire sur son visage. Un peu moins forcé quand il voyait les copains, les néons rassurants de la boîte qu'il connaissait bien. Il en avait fait des choses par ici, certains tables se souviennent de son passage. Maintenant il y vient vraiment pour passer du temps avec ses amis. Certains savent bien qu'il prend un jus de fruit. Fraise pour ce soir il a besoin de sucre. Il s'est abstenu d'un dessert au dîner. Et c'est en voyant ses camarades qu'il se rend compte qu'il n'a pas grand chose à raconter. Sa vie est une routine vraiment trop pénible et chiante, même lui en perd le fil. Est ce qu'il a quelqu'un en ce moment, il ne sait même plus exactement. Mais si cette blonde là de la dernière fois. Ah oui celle qu'il a convaincu de venir pour ne pas passer pour le seul célibataire de la table. Mais à part ça il n'a rien à dire parce qu'il ne change pas trop. Ses potes ont des promotions, ils vont des voyages. Ca fait un bail qu'il n'est pas allé ailleurs qu'à Ibiza. Il souffle en terminant son verre et alors que des nouvelles musiques résonnent dans la Plaque, il en profite pour s'éclipser. Il souffle Lorens en se dirigeant vers le fumoir pour tirer sur sa cigarette électronique mais trop de monde. Génial. Décidément ce n'était pas son soir, il essayait de trouver une excuse pour se barrer de là. Il savait déjà qu'il n'était pas dans l'ambiance et en prime les autres allaient commencer à avaler de la vodka et autres liqueurs. Il joua des coudes pour avancer dans les toilettes, au moment où résonnait la voix de Calogero.

Et la porte qui se referme derrière lui et il y a moins de bruits. Tant mieux c'était presque étouffant. Et ça doit être un truc du genre le destin ou le hasard qui sait qu'il n'y a pas grand monde dans cette pièce. En fait tout d'abord en premier lieu il ne réalise pas vraiment. Il déambule entre le lavabo et le mur avant de croiser son regard. Et il jure dans sa tête, avalant sa salive comme dans les films quand le personnage capte qu'il est dans la merde. Oswald. Il doit se répéter qu'il ne rêve pas que l'autre est bien face à lui et oh merde il ne sait pas quoi dire. Parce que ça fait un bon moment qu'ils ne se sont pas retrouvés comme ça directement l'un devant l'autre. Il y a eu des dîners de famille où ils s'évitaient, des moments de F1 où Lorens voyait son visage dans l'écran, des mentions du frère d'Elizabeth mais rien d'aussi rapprochés. Et à force de l'éviter et de prétexter des soudains maux de tête pour ne pas aller à un souper de famille, il ne sait même pas quels mots faire sortir. Et puis vraiment cette chanson qui ne passe jamais d'habitude c'est pour mieux l'enterrer sans doute. Il inspire, serrant derrière lui l'évier histoire d'avoir un maintien sur quelque chose. "... Salut." Génial ça commence super bien il a dit un moment sortez trompettes et feux d'artifices. Mais peut même faire. "Ca fait longtemps." Quel doux euphémisme quand Lorens se rappelle encore très bien la dernière fois qu'ils ont été seuls dans une pièce. Il cligne des yeux, se force à fixer un air cordial sur son visage. Il sait faire, il suffit de faire comme ce qu'il a fait la veille avec un gars à qui il a fait une facture, comme il fait le matin quand il croise ses collègues dans les bureaux. "Alors ? Comment tu vas ? Et comment va Elizabeth ?" C'est méchant pour sa belle-sœur qui n'a rien demander mais il s'en fout complètement d'elle, à une puissance qu'il s'en tape c'est terrible. Ce qui l'intéresse c'est Oswald. Ses vêtements blancs, le col pas boutonné, ses cheveux, ses poils. Il inspire et se refuse à penser trop loin.
lumos maxima




d'aventure en aventure
de train en train de port en port jamais encore je te le jure je n'ai pu oublier ton corps mais d'aventure en aventure de train en train de port en port je n'ai pu fermer ma blessure ∞


   
Oswald Cavendish
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En apesanteur
Pourvu que les secondes soient des heures

feat Oswald Cavendish & Lorens Wonderbar

Penser que cette fois encore il pourrait l'éviter, que l'autre ne le remarquerait pas, c'était une jolie utopie mais clairement irréaliste. Ils sont seuls dans ces toilettes, comment auraient-ils pu ne pas se voir ?

Oh ils auraient pu faire comme si l'autre n'existait pas, faire comme lui l'avait fait durant des années, faire comme s'ils ne voyaient pas ces messages sur son téléphone, ces appels en absence... et puis justement l'absence de ceux-ci comme s'ils étaient redevenus des étrangers. Des étrangers après avoir été si proches, qui aurait pu se convaincre de cela ? Pas même moi.

J'avais voulu faire comme si notre amitié, nos rapprochements n'avaient jamais existés, comme si cette fameuse soirée de mariage et son dérapages n'étaient pas survenus. Mais aujourd'hui tout me revenait en face et je cherchais en plus à me leurrer moi-même puisque je n'avais jamais pu oublier en réalité. Ses cauchemars et ses rêves, souvent. Faire bonne figure tout le temps, faire comme si je n'y pensais pas alors qu'une fille de plus se pendait à mon bras pour une énième photo people. Toujours pour donner le change, tout pour paraître être un autre, être normal, pour paraître n'avoir jamais eu d'autres pensées.

' Salut, ça fait longtemps ' Bon sang j'ai envie de me taper la tête contre les murs, il est si... gentil ? si lui-même ? Je crois que dans sa situation je me serais énervé, j'aurai, je ne sais pas, tenté de me plaquer contre un mur ? Frappé ? Tous mes silences, mes évitements, est-ce que cela peut juste se régler comme ça ?  Comme on efface une trace malvenue sur un tableau noir ?

Je le détaille, il semble fatigué, épuisé... comme éteint. J'ai envie de poser ma main sur son visage, de lui demander s'il va bien, s'il a pensé à moi tout ce temps, si... Mais non j'ai perdu ce droit il y a longtemps et à vrai dire en cet instant je ne sais pas quoi lui répondre. Moi qui suit d'habitude si avenant et si jovial, je reste sans voix devant lui, comme un adolescent perdu. En fait, j'ai envie d'être lâche, de partir, mais je me sens comme piégé. Il est entre moi et la porte et nous sommes si peu éloignés que je ne peux prétendre ne pas l'avoir entendu.

Alors
Les chiffres dansent
Tout se mélange
Je suis en tête-à-tête avec un ange
En apesanteur
Pourvu que les secondes soient des heures
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« Eli' va bien »

Je me doute qu'il s'en fout un peu, en plus il doit avoir des nouvelles par son frère... Dans ma tête sa fratrie était plutôt soudée avant... quoi qu'ils n'avaient jamais réussi à le comprendre comme moi... Moi qui avait tout gâché alors qu'il avait confiance en moi... Parfois je me disais que j'avais été un bel abruti, que si je n'avais pas bu, que si nous n'avions pas bus, tout cela ne serait pas arrivé, que j'aurai une vie juste... normale. Par contre niveau mariage je n'en avais toujours pas envie malgré la pression de plus en plus insistante de mes parents.

Après tout ce temps, n'avions-nous vraiment rien à nous dire ? Est-ce qu'on allait juste se quitter comme ça ? J'en avais bien l'impression.

« Tu es venu avec quelqu'un ? »

Je sens un pincement dans ma poitrine, me dire qu'il n'est sans doute pas venu seul, qu'il est sans doute venu avec des amis, qu'il doit en avoir des tas, des amis, et surtout qu'il doit être venu avec elle, cette compagne dont m'ont rabâché mes parents en me disant qu'il serait temps que moi aussi je leur présente quelqu'un sinon ils allaient me choisir quelqu'un eux-mêmes. Genre rendez-vous arrangé. Je sais que je n'ai pas le droit d'être jaloux, qu'il a le droit d'avoir des amis, qu'il a le droit d'avoir une vie... mais bon sang ce que je regrette aujourd'hui de ne plus en faire partie.
KoalaVolant




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Lorens Wonderbar
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tw : psy, fausse relation

Peut être qu'en fait il aurait du partir direct. Dire ah bah tiens salut c'était sympa de te voir t'as bonne mine allez tchao la bise. Seulement voilà Lorens est Lorens. Comme si c'était une bonne idée que d'entamer la conversation, combien d'heures il va passer à le regretter ça encore. La psy va être ra-vie elle qui craignait que tous les problèmes étaient passés en revue. Attendez qu'il lui dise ça tiens. Qu'il lui explique que là tout de suite il aimerait vraiment s'enfermer dans un trou de souris plutôt que de continuer cette conversation. Et puis quelle conversation ! Digne d'un salut ça va des réseaux sociaux merdiques auxquels il a pû déjà s'inscrire. En même temps encore une fois, qu'est ce qu'il est sensé lui raconter ? Lui dire que c'est l'éclat dans sa vie ? Ca serait mentir. Pas que ça le dérange mais bon il n'a pas la tête à ça. Ca se voit quand il ment il tourne les yeux vers le bas, il bafouille, il geint même, non vraiment c'est pas à lui qu'il faut confier les alibis.

Bref. Ca commence mal. Parce que c'est compliqué entre eux, il y a comme un vide, un gouffre béant qui les sépare et comme s'il y avait des pics en bas comme dans les jeux vidéos du plombier. Lorens souffle. Et puis Elizabeth va bien alors super comme nouvelle tiens vraiment incroyable très belle conversation. Il n'aurait même pas dû commencer tiens ça semblait inutile. Jolie performance de fuite en avant. Il inspire profondément et regarde l'autre après ces trois mots. Au moins Lorens aura essayer d'avoir quelques mots, de discuter cordialement, de dire quelque chose. On ne pourra pas lui reprocher de s'être barré en courant, encore. Pas comme l'autre. Oh il revoit ce regard, froid, déçu, dégoûté de l'autre ce jour là. C'est vrai qu'après tout si c'est pour revoir ces yeux c'est pas la peine de continuer. Ses copains doivent l'attendre et son cocktail de jus de fruit doit se réchauffer sur leur table. Ou jus de fraise il ne sait même plus ce qu'il a pris. Il se sent comme perturbé là tout de suite et il refuse de penser que c'est la proximité d'Oswald qui le rend chose. Et puis cette question qui sort de nulle part.

Lorens met une seconde de trop à répondre. Il réfléchit. C'est vraiment tout ce que l'autre a à lui demander ? Il remarque qu'il ne répond pas, qu'il ne parle pas de lui, qu'il ne lui demande pas comme lui il va. Ouais vraiment c'est des questions de politesse. Et encore à peine. Ca ne sert à rien d'insister. "Oui je ... avec des amis. Et je ... j'ai quelqu'un." Quoi ? Pardon ? Ah bon ? Depuis quand ? Il ne sait plus à l'heure actuel. Il fixe l'autre. On dirait qu'il parle sans pouvoir s'arrêter. Après ce n'est pas la première fois qu'il feint avoir une copine, ça ne fera qu'une de plus. "Elle s'appelle Dany." Putain faut qu'il trouve une Dany ou Danielle maintenant bien joué Lorens. Et puis d'ailleurs quel besoin de dire tout ça ? A quel moment ça l'intéresse l'autre d'ailleurs ? Il se sent obligé. Il le sentait dans sa question. Le truc c'est qu'il bafouille qu'il regarde en bas et qu'il recule. Comme le nez au milieu de la figure que ça se voit qu'il ment. Gros con va. Il souffle et pointe la porte du doigt. "Je ... faut que j'aille les retrouver d'ailleurs ... m-mais c'était sympa de te voir ! T'as pas changé de numéro ? On s'appelle ?" On s'appelle ? Mais il a quel âge quinze ans ? Et puis non en plus ils ne s'appellent pas, ils ne s'appellent jamais, ça ferait trop mal. Mais tout pour sortir de là de cette ambiance ultra gênance qu'il pourrait couper au couteau. Il recule en direction de la porte qu'il heurte.

La poignée ne se baisse plus. Genre. Il essaie à nouveau, fort, rien. Super genre maintenant le monde se ligue contre lui en plus. Il a foiré sa sortir. Bravo. Dix sur dix ce soir en gênance. Vraiment il va remonter et se planquer sous sa couette. Et cette putain de porte ! Il insiste, souffle et retourne le regard vers Oswald purée qu'il est beau qu'il se laisse aller à songer. "Euh ... la porte ne s'ouvre plus ... tu peux essayer ?" Lorens refuse de penser qu'ils sont bloqués. Ca n'arrive que dans les films ça, les mauvais téléfilms de chaîne familiale, pas dans sa vie. C'est juste qu'il n'a pas de force dans les mains ça doit être ça. Allez Oswald va essayer et voilà la porte va s'ouvrir et ils repartiront tous les deux dans leur non-relation et ils ne s'appelleront pas voilà.
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d'aventure en aventure
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Oswald Cavendish
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TW : homosexualité refoulée, doutes, alcool


En apesanteur
Pourvu que les secondes soient des heures

feat Oswald Cavendish & Lorens Wonderbar

Dire que ma sœur va bien c'est comme dire il fait beau. C'est un peu vide de sens cette phrase entre nous car je suis presque certain qu'il ne voulait pas parler d'elle en cet instant, pas plus que moi en fait. Entre nous il y a ces foutus non dits, cette distance qui s'est installée, que j'ai installé, cette distance que je n'ai jamais voulu. Ce soir-là j'ai tout gâché...

Cela fait longtemps que je mets tout ce qui s'est passé ce soir-là sur l'alcool, que je me repasse encore et encore cette soirée dans ma tête, que je me rappelle cette envie de goûter ses lèvres. Que je me rappelle la douceur de celles-ci aussi, avant de le repousser... C'est moi qui ai posé mes lèvres sur les siennes ce soir-là, c'est moi aussi qui suit parti parce que j'avais peur et c'est encore moi qui n'ait cessé de l'éviter ensuite pour ne pas faire face aux conséquences. Qui suit sorti avec tant et tant de filles pour me rassurer, pour rassurer tout le monde même si personne ne savait, mais savait quoi ? Tout cela ne peut être qu'une erreur n'est-ce pas ? Cette erreur qui a tout brisé... mais qu'est-ce qui était une erreur ? Le toucher ou... partir ?

Je sais que la logique ferait que nous devrions en parler, mettre tout à plat... en rire peut-être ou juste je ne sais pas, nous battre ? Mais nous restons là à échanger des banalités à faire peur à la banalité elle-même.

C'est alors qu'il lâche la bombe, elle existe, elle a un nom, elle s'appelle Dany. Je ne sais pas à quoi je m'attendais, qu'il me dise que non il n'a personne, qu'il m'aurait attendu tout ce temps ? Qu'il n'a cessé de penser à cette soirée et que jamais il n'a pu avancer depuis lors ? Bon sang Oswald que tu peux être stupide, bien sûr qu'il a avancé sans toi. Lui n'est pas comme toi, il a construit quelque chose, il a quelqu'un lui. Lui ne pense pas aux lèvres d'un homme le soir dans sa chambre, lui n'imagine pas un homme sous lui la nuit dans son lit. Lui, il est hétéro, et tu ne l'as juste jamais compris. Je sens comme une main glacée faire pression sur mon cœur, si j'avais encore un doute sur les sentiments que je gardais encore pour lui au fond de moi, je crois que maintenant c'est confirmé. Moi je suis resté bloqué en arrière, pas lui.

« Oh c'est bien »

C'est bien, tu parles, je me sens glacé et vide de l'intérieur mais je sais que je ne peux rien dire, que je n'ai le droit de rien dire, et que oui... en soi c'est bien. Il le mérite. Est-ce que je dois dire qu'il me semble fatigué et pas heureux ? J'imagine que c'est juste de me croiser ici qui le rend comme ça, qu'il le perturbe comme ça. Bon sang il semble si mal à l'aise que j'ai envie de le serrer dans mes bras, de le rassurer, de lui dire que je suis là pour lui et que je suis désolé, mais je n'ose pas, je n'ai pas le droit. Qui aurait envie de revoir celui qui vous a embrassé de force avant de se barrer un jour de boissons ? Qui ? Peut-être lui si on en avait parlé... si je n'étais pas parti, si je n'avais pas fait le mort, peut-être qu'on en rirait aujourd'hui. Pour le reste je ne me fais pas d'illusion.

La chanson s'est terminée, une autre a pris sa place, mais j'ai l'impression de ne pas l'entendre. Les battements de mon cœur qui résonnent dans ma tête par contre, eux, je les entends bien, très nettement même. Il me dit qu'on s'appellera, on sait tout les deux que cela n'arrivera jamais. Cette parenthèse, demain, n'aura jamais existé, il retournera à sa petite vie avec Dany et moi... et bien j'oublierai tout sur le circuit, comme toujours, courir pour l'adrénaline, courir pour me sentir vivant.

Il pose sa main sur la porte et c'est ainsi que ça se termine. Je vais le laisser s'éloigner un peu et puis je crois que moi je vais rentrer. Je n'ai plus envie de rester ce soir. Je ne sais pas pourquoi mais j'ai juste envie de pleurer là en cet instant.

C'est alors qu'alors qu'il me regarde comme perdu. La porte ne s'ouvre pas, comme si le destin voulait nous jouer un tour, comme si le destin voulait nous obliger à parler. Je ris jaune intérieurement, tout cela c'est dans ma tête. Je vais poser ma main sur la porte et elle s'ouvrira comme par magie, et tout cela sera juste oublié, derrière nous.

« Purée t'es grave Lo' »

Lo'... c'est sorti tout seul, tout naturellement, comme si c'était hier, je me mords la lèvre mais j'avance vers lui et je le frôle pour ouvrir la porte, sans le vouloir ou peut-être que si, ne serait que pour sentir un peu sa chaleur. Ce contact que je regrette au plus profond de moi depuis huit longues années.

Seulement la porte, et bien elle ne s'ouvre pas plus avec moi, la clinche, elle ne descend pas, comme figée dans le temps. Je me retourne lentement et je le regarde. Il est si proche.

« Ça ne s'ouvre pas »

Bien vu Sherlock, il ne te l'avait pas dit juste à l'instant ?
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Lorens Wonderbar
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tw : enfermement, début de panique

C'est un peu bien fait pour sa tête. Voilà à vouloir discuter, pour échanger littéralement trois mots. Il est encore plus déçu en fait. Il aurait espéré qu'au bout de temps, au bout de tant d'années, peut être qu'Oswald aurait pû avoir un peu plus de conversation. Tu parles encore des espoirs qui partent en fumée finalement et qui se retrouvent bloqués face à cette porte. Cette saleté de porte c'est quoi cette blague encore vraiment. Est ce qu'ils savent même en haut que leur porte se bloque ? Il se promet d'en toucher deux mots aux responsables quand ils sortiront d'ici.

Il déteste devoir se tourner vers Oswald pour lui demander de l'aide. Il aurait bien voulu ne rien lui demander, partir et fuir à son tour, aller loin de lui et de cette boîte pour ne plus revivre encore ces souvenirs brûlants. Il en a tenté des choses pour oublier, ça n'a jamais servi à rien. Et se retrouver face à lui dans son beau costume en prime, c'est encore pire, c'est comme si c'était hier. Son regard insistant sur lui, ses quelques mots. C'est bien qu'il dit. Tu parles c'est faux. Parce que jamais il n'a vraiment eu une vraie relation. Mais ça Oswald ne le sait pas, il sait ce qu'il dit, à savoir qu'il a quelqu'un. Quel con il s'en mordrait la langue. Et les voilà pris au piège avec ses mensonges. Mais ce n'est rien parce qu'il va sans doute réussir à ouvrir cette porte et voilà la vie reprendra son cours tiens rien de folichon juste un mauvais moment à oublier.

Ce surnom qu'il balance comme si de rien n'était en avançant vers lui. Personne ne l'appelle Lo'. Ses frangins de temps en temps. Et lui. Du moins il l'appelait, avant. Et Lorens a de nouveau dix huit ans et il se rappelle des mèches d'Oswald qui danse dans la voiture qu'il conduisait, son sourire étincelant et sa bouche sur la sienne. Il frissonne quand l'autre le frôle en avançant vers la porte mais c'est pas vrai mais quel idiot mais il faut qu'il se reprenne ! Il est comme figé alors que l'autre est juste à côté de lui. C'est violent cette envie de le toucher, de se ruer dans ses bras, de l'embrasser à nouveau, de finir ce qu'ils ont commencé. De savoir ce que ça fait. De ne plus fuir. Mais non c'est une connerie. C'est juste sa tête d'adolescent, un vieux souvenir. Il serre les dents. Mais il ne s'écarte pas. Pas encore. Et la porte ne s'ouvre pas. Elle devrait, ça serait le moment idéal. C'est un coup de l'univers ça l'espèce d'enfoiré de destin ou de hasard il ne sait plus il s'en fiche. Il inspire. "Non, c'est pas possible, essaie plus fort." Parce que encore une fois, c'est pas réel une porte qui s'ouvre pas, ça n'arrive pas. Et puis ça voudrait dire que Lorens est piégé là avec Oswald et ça il ne peut pas, il n'arrive pas à intégrer l'idée.

Il inspire profondément et tend la main à son tour, appuyant sur la poignée pour tenter de la forcer. C'est inutile hein y a comme un blocage c'est génial. Leurs bras se sont touchés et il fixe ses yeux sur la poignée pour ne pas avoir à le regarder. Là tout de suite il a besoin de concret, une poignée qui fonctionne et des gonds qui sautent pour ne pas avoir à rêver encore à revivre des souvenirs et à imaginer des choses qui auraient pû ou ne pas être. "T'as pas assez forcé, allez ..." Il s'acharne. Ca dure une minute mais c'est inutile on a dit. Il soupire et se resister à tourner la tête vers l'autre. "T'as ton portable ? Qu'on appelle quelqu'un qui vienne nous ouvrir ? Le gérant j'sais pas, des potes à toi, ta meuf ?" Quelle meuf même ? Il parle vite, il débite, il se sent piégé et il déteste ça. Il ne sait plus ce qu'il dit. "Le mien est en haut, on a fait une soirée sans réseaux pour que Taylor recontacte pas son ex, c'est un vrai con, putain fais quelque chose, on peut pas rester là." Il doit vraiment se forcer à inspirer parce que là tout de suite, ça va pas fort et la proximité de l'autre ne l'aide pas du tout.
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feat Oswald Cavendish & Lorens Wonderbar

' Essaie plus fort '. J'ai envie de rire. Il pense que je suis Hulk et que je vais me jeter sur la porte pour la défoncer ? La clinche ne s'abaisse même pas, on dirait qu'elle est verrouillée genre bug informatique ou quelque chose du genre. Avec notre veine, il y a le feu là-haut et la porte s'est mise en sécurité genre porte coupe-feu. Cela dit je ne suis pas certain que le faire flipper plus soit l'idée du siècle. Dans ma mémoire, il n'avait jamais stressé autant d'être enfermé quelque part, du moins pas avec moi en tout cas, non pas que ce genre de situation nous soit déjà arrivés auparavant mais...

Il me frôle, essaye lui-même avec autant de succès que nos deux essais précédents, c'est-à-dire aucun. La porte n'a même pas eu l'intention de trembler pour nous faire croire qu'elle pourrait s'ouvrir. Il s'acharne, essaie de secouer la porte, mais il ne se passe juste rien et moi ? Et bien je le regarde, sa nuque, son dos... Lui. Cela fait tellement longtemps que je ne l'ai pas vu. De dos, il n'a pas vraiment changé. La même carrure, les mêmes cheveux.

« Alors j'ai une bonne et une mauvaise nouvelle »

A sa demande j'ai sorti mon téléphone portable et je doute que ce que j'y vois lui plaise. A vrai dire cela ne me plait pas non plus.

« La bonne c'est que j'ai mon téléphone, la mauvaise c'est qu'on est en souterrain et que le réseau est totalement merdique, y a le wifi par contre mais je t'avoue que j'ai pas pensé à prendre le code »

Je lui fais un petit sourire désolé mais ce n'est pas avec mon téléphone qu'on va pouvoir joindre qui que ce soit en cet instant. A moins que comme parfois c'est le cas, le réseau va et viens en fonction du nombre de personnes concentrées au même endroit. Avec un peu de chance, le réseau peut revenir par miracle. Cela dit j'imagine qu'on est pas les seuls à vouloir aller aux toilettes ce soir et que les portes bloquées seront vites découvertes. Heureusement car pour le coup je ne peux même pas prétendre lire des trucs sur facebook ou ailleurs pour éviter de le regarder, pour éviter de ne voir que lui, pour éviter de lui parler.

« Il y en a bien un qui va finir par avoir besoin de venir aux toilettes, on s'est pas cachés dans un placard à balais au fond d'une vieille bâtisse »

Je suis plutôt fataliste mais je ne vois pas trop le besoin de stresser en cet instant. Hormis ma supposition surement idiote qu'il y aurait le feu dans la boite, je ne pense pas qu'un péril nous menace. Le plus grand péril n'est-il pas en ce moment de nous faire face ? Je ne sais pas si j'ai envie que ce moment s'arrête ou qu'il se prolonge. Ici, en cet instant, on est comme hors du temps. On est bloqués ici comme si le destin me disait qu'il était temps de... je ne sais pas, lui parler enfin ? Essayer de... réparer quelque chose ? Franchement je ne sais pas par où commencer, je ne sais pas quoi dire, je ne sais pas ce que je veux, et surtout je suis mort de peur. Seulement je me dis que cela peut difficilement être pire. A moins qu'on ne se batte ?

« Moi j'ai pas de meuf comme tu dis...  Au grand damne de la famille. Faut que je me case, il parait »

Je lève les yeux au ciel. Comme si c'était nouveau... enfin avant on en riait, avant j'avais le temps. Aujourd'hui la pression familiale devenait plus forte. Je sais que mon père voulait que j'aie un fils pour reprendre le nom de la famille et le flambeau mais personnellement je n'étais pas du tout enthousiaste sur le sujet, encore moins à lier mon existence à une femme. La vie que je menais actuellement me convenait même s'il était vrai que parfois je me sentais un peu seul.

Plus je regardais Lorens, plus je le voyais trembler, transpirer. Il n'avait pas l'air d'aller bien du tout. Il commençait même à hyperventiler.

« Lorens... ça va pas ? »

Le voir ainsi, sincèrement, ça ne me plaisait pas, il semblait totalement en panique, genre crise d'angoisse ou je ne sais pas. Je m'étais un peu éloigné le temps qu'il regarde après la porte, et je me rapprochais en quelques enjambées de lui, sans vraiment réfléchir je lui pris le bras pour le retourner face à moi.

« Hey respire, on va sortir »

Je mourais d'envie de le prendre dans mes bras mais j'avais peur de me manger un pain dans la figure. Seulement s'il se mettait à pleurer, s'il s'écroulait ou... je ne sais pas, je n'allais pas pouvoir résister très longtemps. Rien qu'à le voir comme ça j'avais déjà le cœur serré, et les sens retournés. Pire que durant une course, je devais avoir mon taux d'adrénaline au maximum.

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Lorens Wonderbar
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Peut être que plus tard la situation sera drôle. Peut être que plus tard ils pourront enfin se regarder dans les yeux et se rappeler ce bon moment, ah ah trop marrant tu te rappelles quand on s'est retrouvés enfermés en bas dans les toilettes de cette boîte des barres de rire. Pour l'instant ce n'est pas le cas et c'est sans doute le destin encore une fois qui s'amuse bien avec Lorens. Il commence à se demander ce que fabriquent ses potes, pourquoi ils ne sont pas venus à sa recherche. Des vrais copains hein comme on dit. Tu parles trop occupés à danser. Non faut croire que Lorens est ici livré à lui même, enfin presque, avec Oswald. Qui visiblement a fait l'école du rire quand il lui montre son portable. Qui leur sera inutile. Evidemment. Le truc c'est que ça ne le fait pas rire, ça a même tendance à l'agacer ou à le rendre à moitié fou, entre les deux.

C'est sans doute pour ça qu'il parle à tord et à travers, qu'il suppose des choses, qu'il se doute bien que l'autre doit avoir plein de potes, des meufs à ses pieds et dans son lit, suffit de voir les images de F1 quand il court. Les fans, les cris de joie. Purée ce qu'il donnerait pas pour être en dehors de cette pièce et d'arrêter de trop penser. Y a trop de choses dans sa tête, pour ça qu'il inspire trop fort, qu'il a du mal à respirer un peu. Il part dans tous les sens. Il se sent enfermé et ça ne lui plait pas du tout. Il ne réagit même pas aux remarques de l'autre. Faut qu'il se case bah tiens ils sont deux comme ça. Il regarde Oswald du coin de l'oeil. Il a trop de mal à le voir en face les yeux dans les yeux.

Sauf quand l'autre lui attrape le bras pour le forcer à le fixer. Respire. Oui c'est une bonne idée. Il se force vraiment à inspirer et expirer, regardant au fond des yeux d'Oswald. Ils sont beaux ces cons vraiment il est comme une statue grecque, bien fait de haut en bas, tous les détails sont sympas à regarder et il se force à rester immobile. C'est très long de respirer. "Désolé ... excuse moi je ... ça va. Je pensais pas que ... ça m'a jamais fais ça avant." Après faut dire il n'est jamais resté bloqué dans un ascenseur ou dans une pièce souterraine. Dans tous les endroits où il a été bloqué, un bureau, une salle de classe, n'importe où, il y avait de l'espace, une vision sur le ciel. Là il se sent étouffé. Et y penser n'aide pas. Nouvelle inspiration. Tout va bien. Il n'est pas seul. "T'as raison, quelqu'un va bien finir par venir ..." Il ne s'écarte pas. Il reste proche, même il fait un pas vers lui, le fixant toujours parce que ça fait des années qu'il n'a pas pû l'observer de si près. "Alors on a juste à attendre."

Ouais. La vérité simple. Attendre et respirer. Lorens devrait s'en sortir, enfin il se force à penser qu'il va s'en sortir. Qu'ils vont sortir. Il finit par baisser un peu les yeux et tourner la tête dans leur environnement restreint. "Au moins on a de l'eau, il parait que l'être humain peut survivre plusieurs jours juste avec de l'eau." Pas très rassurant ça non plus mais bon bref. Sa main frôle celle d'Oswald alors qu'il finit par se reculer. Putain. "Ca ... tu veux bien qu'on continue de parler ? De n'importe quoi, histoire de me changer les idées ? Ca passera le temps ?" Sauf que ça fait tellement longtemps qu'il ne sait même plus quoi lui dire. Ca fait trop de mois qu'ils auraient dû discuter. Il ne se rappelle même plus la dernière fois qu'ils se sont confiés des choses. Qu'est ce qu'il sait d'Oswald maintenant ? Qu'est ce qu'ils ont en commun à part le fait d'être coincés là tous les deux ? "Donc ... t'es ... t'es toujours dans la même écurie ?" Ca il le sait bien, il suit sa carrière. C'est juste qu'il n'a pas du tout envie de revenir sur le sujet famille meuf se caser. Enorme flemme d'aborder leurs vies privées parce qu'il lui a menti quelques minutes plus tôt. Ah oui faut qu'il se rappelle qu'il a une meuf qui s'appelle Dany. Quel crétin Lorens vraiment il les collectionne aujourd'hui. Mais ça vaut mieux que de se rappeler qu'ils sont toujours bloqués ici en bas.

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Son regard sur moi me transperce et ses paroles me serrent le cœur. Je me demande s'il se sent aussi mal par ma faute, si c'est la situation qui le met dans cet état ou le fait de vivre cette situation avec moi.

Je n'ai jamais voulu que nos chemins se séparent, je n'ai jamais voulu que nous devenions presque des étrangers l'un pour l'autre, je n'ai jamais voulu que l'on se sente aussi mal d'être auprès de l'autre. Je me dis que ce soir là en buvant, j'ai vraiment tout gâché. Nous étions amis et aujourd'hui que sommes nous l'un pour l'autre ? Je me demande même si on est quelque chose.

Certains diraient que nous sommes une famille parce que ma sœur et son frère sont mariés, que nous sommes du coup presque des frères nous aussi, mais est-ce qu'un frère en embrasserait un autre ? Est-ce qu'un frère aurait du désir pour l'autre ? Quoi qu'une famille ce ne sont pas que des frères et sœurs. Je le sais bien... Il est plus qu'un frère pour moi mais je ne suis pas certain que je puisse encore lui dire, ni si c'est encore le cas, pour lui, pour moi.

A vrai dire je pensais, un peu top naïvement, que je pourrai l'éviter toute ma vie durant, sans savoir si je le voulais vraiment. Le revoir aujourd'hui n'était pas prévu mais je ne suis pas certain de le regretter. A vrai dire je ne sais plus quoi penser, je suis complètement perdu, moi qui suit d'habitude si sûr de moi.

« Oui... l'eau c'est chouette mais tu sais je doute qu'on reste enfermé plusieurs jours ici, le bâtiment ne s'est pas écroulé, il n'y a pas eu d'attentat, la porte s'est juste bloquée »

Du moins je le supposais puisque nous n'avions entendus ni cris, ni explosions avant que la porte ne cesse de s'ouvrir. Elle avait juste cessé de fonctionner, cessé de s'ouvrir, elle les avait coincé comme si le destin se jouait de nous.

Sa main vient frôler la mienne et je ne sais si cela était intentionnel de sa part mais je laisse échapper un petit sourire qui vient fleurir sur mes lèvres un bref instant. Il veut que nous parlions. Parler, ce que nous n'avons pas fait depuis huit ans. Seulement il a une copine maintenant... lui parler du passé ne serait-il pas une erreur ? Me voit-il comme un monstre depuis ce fameux soir ? Me déteste-t-il aujourd'hui pour ce que j'ai fait, ou pas fait ?

« Je roule toujours pour Nissan oui, je me dis que j'ai comme une dette envers eux puisqu'ils m'ont lancé... Je ne sais pas encore de quoi l'avenir sera fait mais... Tu aimais la F1 avant, tu ne la suis plus ? »

J'ai failli ajouter " à cause de moi ". Je me demande tout ce qui a pu changer pour lui, à cause de moi justement. J'ai envie de le serrer dans mes bras, lui dire que je suis désolé, de me pardonner et qu'on recommence comme avant... Recommencer comme avant... mais est-ce que c'est vraiment ce que je souhaite ? Il a une copine, cela tourne en boucle dans ma tête. Je crois que je n'ai pas le droit de gâcher ça, je n'ai pas le droit de gâcher sa vie.

Rester debout, j'avoue que cela commence à me peser dans mes jambes et je ne sais pas combien de temps nous allons rester là. Le sol semble plus ou moins propre et je me laisse glisser au sol, tapotant le sol près de moi.

« On va en avoir pour un moment, tu devrais t'asseoir, et... enfin tu peux venir près de moi, je ne vais pas te manger »

Ni lui sauter dessus pour l'embrasser comme ce fameux soir... Bon sang que je me sens idiot. Lorens est à nouveau devant moi... J'en ai rêvé de cet instant, mais... pas comme ça, pas aussi emprunté, pas aussi froid, mais en même temps je ne sais pas à quoi je m'attendais. Je  l'observe en contrebas, j'observe son cou, ses lèvres, cette peau que cette fille doit toucher, embrasser. Il ne peut pas ne pas sentir mon regard, il ne peut pas ne pas voir que je le fixe. Je me demande ce qu'il peut bien avoir en tête en ce moment.

« Raaaaah bon sang Oswald tu es un idiot »

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Lorens a l'impression d'avoir de nouveau quatorze ans. De n'être qu'un bon à rien inutile tout en longueur, dégingandé là, qui découvre la vie à peine et qui ne sait rien de ce qu'il veut. Bon sur ce point là rien n'a vraiment changé mais passons. C'est le fait d'être dans des nouvelles situations sans doute. Ca lui faisait aussi le même effet que quand il faisait des activités mais sobre. Comme une sensation de nouveauté alors que pourtant il connaissait. C'est un peu la même chose. C'est gênant de se trouver comme ça et il ne sait pas comment se comporter. Il ne sait pas quoi dire ou quoi faire et son corps à pris le dessus. Il se sent con et ça le fait se croire encore plus stupide qu'il ne l'est. La preuve jamais il n'a paniqué de la sorte, eh ho frère c'est juste une porte qui ne s'ouvre pas. Mais son esprit ne le voit pas comme ça et surtout encore une fois il est piégé avec Oswald. Et ses pensées le concernant tournent en boucle dans sa tête entre souvenirs et regrets, imagination de quelque chose qui ne se fera pas. Les bribes de leur amitié disparue, les anciennes conversations et son corps si proche.

Non. Non non vraiment il faut qu'il se reprenne et vite sinon cette petite éternité ensemble va lui paraître vraiment, vraiment longue. Il vaut mieux qu'il parle d'autre chose, comme ... bah simplement comme ... il ne sait plus. Ca fait trop longtemps ils sont presque des étrangers l'un pour l'autre. C'est long huit ans. Et Lorens n'est plus le même jeune homme qu'il était à dix huit ans lors de ce fameux mariage et voilà il recommence et les souvenirs défilent à nouveau. Il faut qu'il arrête ou qu'il se calme ou que vraiment ils pensent à autre chose. Il se doutait bien qu'ils allaient devoir se recroiser mais il ne se doutait pas que ça serait là comme ça bloqués entre des murs. A être obligés de trouver des solutions. Il pensait qu'ils seraient peut être à un repas de famille et qu'il y aurait déjà des sujets sur la table genre les neveux les nièces, la nourriture. Le ciel bleu tiens même ou la température d'Ibiza. Lorens souffle et écoute les mots d'Oswald. Il a tenté un truc sur la carrière même s'il connait déjà la réponse.

Pas si bête l'animal. Mais il n'a jamais vraiment sû faire la conversation même par politesse. Oui en gros c'est qu'on dit depuis le début il est pas bien futé le p'tit. Il écoute la phrase sur Nissan. M'ouais c'est pas la meilleur écurie du circuit selon lui mais il comprend le principe. Du moins il se force à le penser en réfléchissant aux autres coureurs. Vraiment faut qu'il pense à autre chose. "Si, si je suis toujours, j'aime toujours regarder les courses ... Enfin j'en ai raté pas mal ces derniers temps. J'ai un boulot. Je suis ... je travaille dans l'hôtel de mon père, avec la compta." Moins glamour et moins sportif que la F1 surtout pas le dimanche. Nouveau soupir. Voilà voilà la conversation est terminée, super, bravo, bien joué. Quoi d'autre ? Il se laisse glisser à côté de lui. Non l'autre ne vas pas le manger. C'est sans doute là le problème. Ca ne le détend pas bien au contraire. Et il ne peut pas s'empêcher de le regarder, du coin des yeux un peu. Leurs regards se croisent des fois c'est d'autant plus gênant qu'ils se frôlent et ses gros bras à côté des siens. Il a l'air d'un poid plume.

Non Lorens ne frissonnera pas pour pouvoir se blottir contre lui mais sérieux gars vraiment t'es plus un adolescent ! Ce qu'il donnerait pas pour une cigarette ou mieux, pour une porte ouverte ! Et visiblement il est pas le seul à péter les plombs, voilà que l'autre crie et s'insulte lui même. Ce qui a au moins le mérite de faire rire un peu Lorens tiens. "Bah alors tu parles tout seul ? Pourquoi t'es un idiot ? C'est pas ta faute si t'es pas assez fort pour faire sauter la porte ..." Il se tourne vers Oswald et là ça y est, les yeux dans les yeux, proche l'un de l'autre comme cette fameuse soirée. Lorens ne détourne pas les yeux. Si, Oswald est un idiot. Après tout c'est lui qui l'a embrassé. Et qui est parti. "... continue de parler ... parle moi de toi ... qu'est ce que ... enfin, il a du t'en arriver des choses non ? Depuis ... depuis tout ce temps." Surtout, qu'Oswald continue de parler. Sinon Lorens va se remettre à rêver et franchement, ce n'est pas le moment, pas l'endroit et ça ne le sera jamais de toute façon. Il va falloir qu'il l'intègre. Mais entendre ce qu'Oswald a vécu, ce qu'il a eu dans sa vie, ce qu'il s'est passé, ça va peut être l'aider à comprendre qu'il doit vraiment passer à autre chose. Peut être.

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Pourvu que les secondes soient des heures

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Ainsi il travaillait dans un hôtel de son paternel. De mémoire cela n'avait pas vraiment été son but dans la vie mais c'était un peu écrit au final. Suivre les pas de ses parents, respecter leurs décisions, suivre le " bon chemin. Fils et filles d'héritiers, qui avait vraiment le choix ? J'avais eu de la chance de pouvoir suivre ma voie, de choisir le métier que je voulais et... lorsque ma retraite des champs de courses viendrait, il serait toujours temps de faire fructifier l'argent et d'exercer mon rang comme on dit. Seulement je ne savais pas si j'avais vraiment envie de tout ça, le décorum... enfin j'avais encore le temps mais visiblement le temps, lui avait rattrapé Lorens. Au moins n'avait-il pas encore été obligé à se marier. Je me demande ce que j'aurai fait, comment j'aurai réagi à l'annonce de son mariage. Je fermais les yeux, je n'avais pas envie de penser à ça.

« Et tu aimes ça ? »

J'aurai voulu être là pour Lorens mais j'étais parti il y a huit ans, tentant de le fuir comme un imbécile. Aujourd'hui je n'étais pas certain qu'il ait besoin de moi ni envie de m'avoir dans sa vie. Est-ce qu'il m'avait pris pour un détraqué ce soir-là ? Est-ce qu'il avait mis ça sur le coup de l'alcool ? Dans mon souvenir, il ne m'avait pas repoussé. Aurait-il seulement pu... avoir aimé ? en avoir envie ? Ces pensées, elles avaient longtemps tourné dans ma tête. Encore aujourd'hui elles ne m'avaient pas quitté. Et si j'étais resté ?

« Je ... oui la porte, je ne pensais pas à ça à vrai dire »

Lui dire que c'était à lui que je pensais, à ce que j'avais fait, je ne savais pas si j'en avais la force, je ne savais pas si j'en aurai le courage. On était enfermés ensemble. Je savais que c'était l'occasion, peut-être que ce hasard pouvait tout changer, peut-être que c'était, je ne sais pas, un coup de pouce du destin. Seulement... croire à quelque chose me paraissait trop grand, trop improbable. A commencer peut-être parce que Lorens avait une vie, il avait une compagne. A part recoller les pans d'une amitié brisée, en quoi pouvais-je espérer ?

Il s'approche, il est près de moi et en même temps il ne pourrait pas être plus loin. Il s'est assis prêt de moi mais nos corps ne se touchent pas. On dirait deux étrangers attendant dans la salle d'attente d'un médecin, le glamour en moins. Parler, il veut que je parle mais j'avoue que je ne sais que dire, quoi dire. Il y a tant à dire, je le sais, mais je n'ai pas les mots.

« Les tabloïds parlent beaucoup de moi, beaucoup trop »

J'ai un soupire, la plupart de ce que disent les journaux sur moi n'est pas réel mais comment lui expliquer que ce n'est que pour la galerie tout cela ? Pour me donner une image de l'homme que je ne suis pas ? Il est plus facile d'être un homme à femmes que de dire que l'on est attiré par son double, par son meilleur ami, par un homme.

« Tout ce que tu as pu lire, enfin si tu as lu... ce n'est pas forcément vrai. La plupart des filles qui sont mentionnées, c'est... comment te dire, juste pour la photo. Pour faire parler... pour »

Pour faire semblant, pour booster une carrière ou juste pour ne pas qu'on se pose des questions. Pour dire que j'étais un jeune homme en pleine possession de ses moyens mais qui juste ne trouvait pas à se fixer. C'était pour l'histoire en somme, pour la société.

« Elle est comment, ta Dani, c'est ça ? Tu l'as rencontrée comment ? »

Est-ce que j'avais besoin de me faire mal ? De tirer un trait sur les sentiments qu'il ravivait en moi plus forts que jamais ? Sans doute... Je voulais tellement qu'il me dise que comme moi c'était pour de faux, que comme moi c'était juste pour la galerie, que ce n'était pas plus réel que moi avec toutes ces femmes que je n'avais jamais touché.

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Bon. Toujours la même situation, toujours cette porte et toujours eux deux mais franchement il s’agirait de se détendre Lorens. Il s’agirait vraiment de rester calme, de voir on sait pas peut être un coté positif à cette histoire, du genre en fait on est là avec Oswald on va pouvoir discuter ? Enfin comme dirait l’autre ? Depuis le temps qu’ils auraient dû. Depuis le temps qu’ils auraient dû prendre du temps pour eux deux finalement et se dire les choses, peut être qu’ils n’en seraient pas là. A se mettre l’un à coté de l’autre si proches mais on dirait tellement éloignés l’un de l’autre, on dirait deux gars collés dans le métro. Rien en commun. Alors que c’est faux, ils ont plein de points communs, ne serait ce que des hobbies, des choses à partager. Ca fait mal ça c’est clair.

Bref. Ca ne changera pas leur situation alors Lorens choisit le parti de penser à autre chose, de discuter, de demander des nouvelles, de faire la conversation, de parler, de divaguer. Voilà comment il en est venu à s’inventer une Dani genre il aurait une meuf. Ca change pas de d’habitude, ça lui est déjà arrivé de s’inventer une histoire avec quelqu’un, de s’inventer une histoire avec une fille ou même plusieurs pour faire sourire aux repas de famille ou que ses frangins lui foutent la paix. Tu parles, qu’est ce que ça lui a apporté et qu’est ce que ça lui apporte ici. Avec Oswald il aurait pû être honnête. Il se dit ça alors que l’autre lui demande si son boulot lui plait. Ah ça aussi c’est tout une histoire. Il hausse les épaules. ”Bof. Les chiffres, ça me détend, mais bon c’est pas le taf de l’année. C’est surtout pour faire semblant d’être occupé et que mon père me foute la paix, au moins il est sûr que je me lève le matin pour faire quelque chose de mes journées … Je crois qu’il me voit encore comme le petit dernier qui séchait les cours tu sais.” Mais oui il sait en plus purée c’est terrible. Lorens soupire, déçu de lui même, de eux. Dire qu’ils auraient pû rester amis. Il le ressent quand Oswald parle des rumeurs sur lui.

Comme quoi c’est faux. C’est pareil que lui en fait, c’est juste pour avoir la paix. Lorens le fixe, les yeux grands ouverts. Purée ils sont pareils c’est terrible, c’est affreux mais pourquoi est ce qu’ils sont cons comme ça. Lorens reconnait cette sensation, ce sentiment d’honnêteté, comme quoi il peut tout lui dire. Il l’avait, avant. Il ne l’a pas beaucoup senti dans sa vie. Jamais il n’a pû vraiment se livrer. Purée. Il sourit un peu et enfin il se rapproche encore, ses doigts viennent toucher les bras de l’autre, juste par besoin. Pour lui faire sentir qu’ils se rapprochent. ”Pour qu’on arrête de te poser des questions … Je vois très bien. Euh … je vois tellement bien que … Dani n’existe pas en fait, j’ai personne. C’est juste … comme toi en fait, pour qu’on me foute la paix et que je passe pas pour le viel oncle nul qui n’a jamais personne.” Ce qui est plus la réalité ça. Il se mord la lèvre inférieure et souffle un peu. Comme quoi ça fait du bien de se livrer un peu même et surtout si c’est à Oswald. Son doigt descend vers son poignet, cherche une montre, une alliance, quelque chose. ”Y a personne dans ma vie, personne de fixe. C’est un peu … le bordel. Et je sais pas pourquoi je t’ai menti, c’était … la facilité peut être.” Parce que c’est dur, de l’avoir perdu et de ne pas l’avoir retrouvé, pas depuis cette fameuse nuit. Lorens inspire et se force à sourire. ”Alors que c’est con hein, j’te connais quand même, tu vas pas me juger. Enfin … j’te connaissais. Enfin, ça peut changer hein, mais ... ça faisait longtemps qu'on avait pas vraiment discuter.” Ouais voilà au passé c’est mieux. Ils se connaissaient. Avant ils se parlaient. Avant ils avaient au moins quelque chose, même si c'était juste de l'amitié, un lien, un truc, avant ce vide laissé dans cette chambre là bas. Et c’est dommage. Parce que Lorens aimerait bien le connaître. Au moins que ça soit moins gênant. Enfin, ça l’est déjà un peu moins depuis que y a plus l’ombre de Dani dans la pièce. Elle avait trop de présence pour quelqu’un qui n’existe même pas.


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Je souris quand il me dit que son travail, c'est plus pour faire semblant d'être occupé et de plaire à son paternel que par réelle envie. Même si, comme il le dit, lui n'a jamais détesté les chiffes. Pour moi, les chiffres, cela n'a jamais été mon truc, ce n'était pas du tout mon optique et pour dire vrai, j'avais toujours trouvé cela bien ennuyant. Comment Lorens pouvait passer des heures à les traiter ? Cela me dépassait, mais je supposais qu'il en fallait pour tous les gouts.

« Mieux vaut pour toi que pour moi »

Je grimaçais, je n'avais pas besoin de m'étendre plus sur le sujet, Lorens savait très bien que je n'avais jamais aimé ce qui touchait aux chiffres et au math. La gestion à vrai dire ce n'était pas de tout mon truc en ce qui concernait en tout cas tout ce qui touchait à la comptabilité et aux tableaux de chiffres. Par contre gérer une équipe, mobiliser des gens, les conduire dans une direction, ça oui... C'était plus mon truc. Le paraître et la lumière. Seulement parfois j'aurai voulu que tout soit différent. Être une personne lambda, je m'étais toujours demandé ce que cela pouvait être, ce que cela pouvait faire. Seulement jamais je n'aurai trouvé le courage de tout quitter, de quitter cette vie que je connaissais. J'avais fait le choix de mon travail, du moins pour un temps, en ce qui concernait le monde que j'avais toujours connu, je ne lui avais jamais vraiment tourné le dos. Mais il était vrai que je ne participais plus trop aux mondanité liées à mon statut de noble. A l'heure actuelle, je surfais bien plus dans le monde sportif. Pour l'heure mes parents ne m'avaient pas encore demandés des comptes de ce côté-là même si on me pressait de prendre femme.

« Tu n'as jamais été très assidu, je me souviens... Cela dit en vrai, tu voudrais faire quoi ? Bosser dans un hôtel de ton père ça a jamais été ton rêve. Toi, Lorens, tu voudrais faire quoi de ta vie ? »

La question à cent cesters. Lorens n'avait jamais su me dire ce qu'il voulait vraiment faire de sa vie, oh il aimait les voitures, les courses, mais lui n'avait jamais voulu être un pilote comme moi. Il ne m'avait jamais vraiment dit ce qu'il avait comme rêve, comme ambition. Enfin si... sans doute être libre de la pression familiale, pouvoir juste vivre. Mais ça, je crois que son père ne permettrait jamais... Ne rien faire, se laisser le temps de prendre le temps. Son vieux en aurait surement fait une syncope.

Lorsque je lui dis que moi, cette vie que je montre au monde, ce n'est peut-être pas vraiment ce que je suis, je le vois me fixer comme si j'étais soudainement devenu un extraterrestre. Depuis longtemps je n'ai pas été aussi honnête avec quelqu'un et pourtant en soi je n'ai pas vraiment dit grand chose. Pourquoi je me suis allé à dire cette phrase ? Je ne sais pas trop, elle est sortie tout naturellement comme si j'avais besoin que Lorens sache. J'aimerai que toutes ces années passées à le fuir et à l'éviter ne soient que le temps d'un battement de cils. J'aimerai pouvoir combler ce vide entre nous mais je ne sais pas si j'en ai le droit, comme je ne sais pas ce que lui veut.

Il faut croire qu'il est venu le temps des révélations. Comme si le temps était reparti en arrière. Comme si le fait d'être enfin réunis dans la même pièce nous rapprochait et abolissait les barrières que nous avions laissés s'installer entre nous, des barrières que j'avais moi-même dressées sans doute. Je vois Lorens sourire presque timidement, et je sens en moi un élan de chaleur qui se diffuse. Bon sang ce que j'aime voir un sourire sur son visage. J'aimerai que jamais le sourire ne le quitte. Il lui va si bien. Il se glisse un peu sur le sol et se rapproche de moi, ses doigts touchent mon bras et je le regarde encore, je ne peux pas m'en empêcher, cet instant me semble juste irréel.

Lorsqu'il me dit que Dani n'existe pas, je le fixe totalement hébété. Je ne comprends pas, je me dis que je dois surement avoir mal entendu. Je suis... sous le choc, sous le choc et en même temps soulagé. Je me dis que je ne sais pas, que je dois rêver. Je me pince le bras pour voir si je ne rêve pas et puis... je ris, j'éclate de rire comme si le soulagement me rendait euphorique un instant.

« Inventer une fille ? ... Lorens tu es complètement dingue »

Mes yeux pétillent je dois bien l'avouer. Moi même si pour la plupart des filles que j'ai fréquenté, il ne s'est rien passé malgré ce que pouvaient en dire les tabloïds, au moins avaient-elles eu le mérite d'exister. Pourquoi il m'a menti ? Je ne sais pas et de toute manière ce n'était que l'espace d'un instant, un très court instant. Je sais que je ne devrais pas être aussi heureux que cette fille n'existe pas, mais c'est le cas, ça me rend purement et simplement heureux et pas parce que Lorens est seul, non... juste, parce qu'il n'est pas pris.

« Je vois ce que tu veux dire...  Parfois on s'enlise tellement dans la facilité qu'on arriverait à oublier qui on est... Nous deux... ça toujours été différents. Je veux dire... on a toujours pu parler à cœur ouvert avant... »

Je soupire. C'est dur, c'est difficile pour moi mais je me dis que s'il m'a confié que cette fille n'existait pas, s'il a pu sortir de l'histoire qu'il donnait au monde, que quelque part, il était peut-être aussi temps pour moi d'être un peu plus honnête envers lui. Je savais que je lui devais bien ça, que je nous devais bien ça, mais ça n'en rendait pas les choses plus faciles. Je sens ses doigts sur la peau fine de mon poignet, sa douceur, sa délicatesse. J'ai envie de le serrer fort contre moi. De lui dire que je suis désolé, que je n'aurai jamais dû partir, mettre tout ce silence et ces non-dits entre nous. J'ai regretté le passé je ne sais combien de fois au court de toutes ces années et pourtant je n'ai jamais trouvé le courage de l'appeler, d'essayer de tout recoller.

« Tu m'as manqué Lorens. Tu m'as foutrement manqué et tout ça... c'est ma faute »

Je baisse mon visage, je n'arrive plus à le regarder et je ferme les yeux comme si je ne voulais plus voir la blancheur de cet endroit, comme si je voulais juste m'endormir, oublier et me réveiller dans mon lit il y a huit ans quand tout était encore différent.

« Je suis désolé »

Je murmure et ma phrase est à peine audible je pense. Un autre murmure suit le premier.

« Je suis tellement désolé, Lorens »

Je n'ai pas vraiment pour habitude de m'excuser. Je crois que cela n'a jamais été dans ma nature en réalité parce qu'on avait jamais attendu des excuses de moi. Le petit garçon parfait, l'héritier attendu, le fils parfait qui filait droit. Une image qui pourtant auprès de la personne qui comptait sans doute le plus pour moi hormis mes sœurs, avait été bien écornée. Lui seul avait vu le vrai moi et le moins qu'on puisse dire, c'était que j'avais peur d'affronter son regard en cet instant, peur de voir son dégoût, sa haine, ou les deux.

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« Quand on ne sait pas où on va, la vitesse du déplacement ne compte plus »
Lorens Wonderbar
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en apesanteur, pourvu que les secondes soient des heures

tw : claustrophobie

Qu’est ce qu’il voudrait faire de sa vie hein bah tiens belle question. Belle remarque. Il n’a jamais vraiment pris le temps d’y réfléchir. Un peu trop poussé. Parce qu’il devrait d’abord être lui même et pour l’instant ce n’est pas le cas. Il est juste … un gars. Un pauvre petit individu qui se cherche, qui réfléchit, qui a du mal avec lui même et ce qu’il est. C’est triste à pleurer, qu’il en soit obligé de mentir sur ses relations, sur son existence. Sur ce qu’il se passe vraiment dans sa chambre, du genre pas grand chose. Un vide. Qui n’est jamais comblé que par lui même. Alors quand il a fallu bosser en fait, ça lui a juste fait du bien. De se lever les matins, de temps en temps ramener les croissants, prendre des pauses cafés. C’était une routine presque normale mais qui lui faisait tellement de bien, un grand bol d’oxygène. Donc ouais encore une fois c’était plus ou moins un mensonge. C’était à la fois chiant, ennuyant, pénible et il ne se voyait pas faire ça jusqu’à la fin de sa vie c’était sûr. Mais au moins, au moins, il avait quelque chose à faire de ses journées au lieu de rester allongé à fixer le plafond et à penser à son prochain verre d’alcool qu’il ne boirait pas. Grosse ambiance dans la chambre d’hôtel.

Ca et imaginer sa vie autrement, se rêver qu’il puisse changer, se prendre en main, agir différemment avec les hommes, assumer pour de bon. Arrêter de penser au passé. C’était encore trop beau pour y penser vraiment. Sans doute que cette rencontre, cette porte c’était genre le destin qui l’avait bloqué. Un coup de pouce. Un moment charnière qu’il ne faut pas rater. Et encore un moment comme ça avec Oswald. Bon sang. Qui sait poser les bonnes questions celles qui font réfléchir. Celles qui retournent le cerveau de Lorens. Qu’est ce qu’il voudrait faire. Qu’est ce qu’il aimerait faire. Quand il était plus jeune, il voulait être pilote, comme les autres, ou sur les pistes, aider à réparer les voitures. Il passait du temps à regarder les courses. Quand il était encore plus petit, il voulait aller dans l’espace. Et après il se voyait en costume avec cravate dans un bureau avec des dossiers et des déjeuners d’affaires. Dans tout ces rêves une constante, celle d’une famille, d’une voiture de luxe et des enfants qui l’attendent à la maison. Pour l'instant, on en est très loin. Alors Lorens ne répond pas à cette question, comme il ne répond jamais quand on lui pose. Il ne sait pas quoi répondre, parce qu’il ne sait pas quoi imaginer qui pourrait lui correspondre. C’est trop lui demander. Ca fait trop mal de visualiser ce vide qu’est son futur à part la réunion de bilan de fin de trimestre de jeudi. A la place c’est de la vérité qui sort de sa bouche.

Dani envolée la peste. Il commençait à la voir elle à l’imaginer, des cheveux roux des bijoux trop dorés et des talons qui claquent. Il est doué pour imaginer il devrait écrire des livres tiens ça ça serait drôle aussi. Mais non Dani n’existe pas. Et quand il l’avoue c’est … un peu libérateur. Ca l’est moins quand Oswald le regarde. Il a peur. Pour qui il va le prendre, un connard qui ment ? Apparemment pas parce qu’il se met à rire. A rire. Ah bon d’accord c’est si pathétique que ça. Il lui dit qu’il est dingue. Lorens hausse les épaules en souriant à son tour. Complètement il doit bien l’être un peu. C’est juste … d’habitude il ne craque pas il reste dans ses mensonges. C’est Oswald. C’est différent il ne savait pas lui mentir quand ils se connaissaient alors là il a l’impression d’avoir de nouveau quinze ans et son premier crush. Il rigole un peu aussi, nerveusement. ”J’te dis c’était juste pour … pour cacher mon célibat … j’ai 27 ans quand même, ça craint … du moins c’est ce que dis mon père. Et mes frangins. Et mes potes. Donc ouais, ça évite les questions surtout …” Ouais. C’était plus simple, avant. C’était plus simple de parler avec Oswald. Même là encore il est tendu.

La main de Lorens se serre sur celle d’Oswald au fur et à mesure des mots qui sortent de sa bouche. Ca le surprend. Il ne s’y attendait pas là maintenant ni même un jour dans sa vie. Ca le prend à la gorge aussi et de voir Oswald aussi vulnérable devant lui. Déjà qu’il n’avait pas l’habitude quand ils étaient amis mais alors là. Il serre sa main. Ca lui fait mal. Et puis il lui a manqué. Il lui a manqué. Ca, ça lui fait chaud au coeur de l’entendre. Ca lui coupe un peu le souffle. Et pendant une minute ou deux il ne sait pas quoi répondre, il le regarde juste, il le fixe, essaie de trouver ses mots. ”N-Non t’as pas à … t’excuse pas c’était … c’était compliqué. C’était pas évident il s’est passé des choses et du temps …” Putain c’est mauvais. Lorens souffle. ”C’était il y a longtemps.” Cependant Lorens … ne pardonne pas.

Il hésite un peu, il hésite à dire le fait qu’il ne lui en veut pas. Il hésite à prononcer ces paroles. Il essaie de les penser, juste pour rassurer Oswald parce que ça le rend mal de le voir comme ça mais il n’y pense pas. Du tout. Sans doute qu’il en avait besoin de l’entendre et peut être que plus tard il aura la maturité pour pardonner. Mais pas ce soir. Ca serait trop lui demander. Lorens se rapproche un peu. Hésite. ”Dis … pourquoi tu t’excuses ? Pour … pour être parti ou … ou pour m’avoir embrassé ?” Sans doute que l’un comme l’autre ça ferait tout aussi mal. L’avoir embrassé sur un coup de tête comme ça ou l’avoir laissé en plan, l'abandonner dans cette chambre ? Les deux ça serait méchant mais à ce stade Lorens a besoin de savoir. Il retire sa main, tourne la tête. ”Désolé. T-T’es pas obligé de répondre après tout. Et tu sais … toi aussi tu m’as manqué. Ca m’a manqué de te parler, de t’envoyer des messages, de me confier à toi … tout ces moments.” Lorens souffle, vraiment, fixant son regard contre le mur, serrant les dents pour retenir les larmes de monter dans ses yeux. Parce que ça commence à être douloureux cette histoire.

lumos maxima


@Oswald Cavendish




d'aventure en aventure
de train en train de port en port jamais encore je te le jure je n'ai pu oublier ton corps mais d'aventure en aventure de train en train de port en port je n'ai pu fermer ma blessure ∞


   
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